samedi 7 octobre 2006

Yodeley-yhou

Note de synthèse pour ceux qui ont la flemme de lire les infos en totalité : je vais bien, je marche beaucoup, il neige, ma carte de transport est périmée.


Bien chers tous,
Chers bien tous,
Tous bien chers,

Voici quelques nouvelles de mon exil. Pour ceux que je n’ai pas prévenus dans la précipitation de mon départ, j’avais le choix entre : partir au Rajasthan dans un centre culturel bidon, à Bangkok à l’Alliance Française avec des chars militaires dans le hall, ou bien à Innsbruck, à l’Institut français.



Dans mon envie d’exotisme, mon besoin de nouveauté et ma volonté d’apprendre le Taï, le choix était facile. Me voici donc à Innsbruck et son Tyrol verdoyant. Que vous dire d’Innsbruck si ce n’est que c’est une ville, une ville……. une ville quoi . Je reconnais avoir eu un léger choc à la première visite au sortir du train de nuit. " Voici la place principale d’Innsbruck "………………………………………Bon, ne paniquons pas. On respire. C’est pas parce que la place principale est aussi grande que la place Claude François dans le Bd Exelmans du 16ème arrondissement que cette ville est pourrie.



Ce qui était un peu plus lourd, c’était l’espèce de psychopathe, qui gentiment et sans me connaître, avait accepté de m’héberger la première nuit. Gérart. Gérart était gentil. Il m’avait dit qu’il était dans une collocation de 3 personnes. Quelle ne fut pas ma surprise quand je découvris qu’il était seul, qu’il avait 40 ans et qu’il avait déjà prévu de passer 3 Week- end avec moi. Comment vous décrire Gérart. Le genre de mec qui doit récupérer et collectionner les cheveux des nanas dans la douche. Il m’attendait systématiquement devant la porte de ma chambre et restait sur le seuil voyant que j’allais me changer. Petit, bedonnant, à lunettes, à la fois chauve et roux, Gérart avait tout pour plaire. Il prétextait avoir quelque chose à me dire et montait dans tous les bus avec moi. Après lourde insistance pour que j’habite avec lui, je finis finalement par courir comme une tarée avec mes bagages pour lui échapper.

Actuellement je cours toujours pour trouver une coloc, et ici, c’est pas facile. Hier encore (j’avais 20 ans), en sortant d’une visite dans une des rues de la ville, je comprends vaguement que le proprio me dit en dialecte un truc sur " à droite, à gauche, faut pas aller quelque part ". Bref, je fais semblant de comprendre et je me casse. 20 minutes plus tard, je me dis que c’est quand même louche tous ces arbres et que le bus J doit pas passer par ici, à moins qu’il soit équipé par l’armée et qu’il ait des chenilles. A la 25 ème minute, je tombe sur un panneau. J’étais sur un sentier de randonnée avec mes petites ballerines et mon sac à main. Ah nan vraiment, j’adore, c’est super Innsbruck.



Côté boulot, on bosse 50 h par semaine, on organise des trucs pas mal, je suis chargée de l’élaboration de la fête de la musique, du printemps des poètes, du jury de lecteurs- un club de vieille rombières francophones qui débat sur la littérature contemporaine de mon cul-, et d’un cours de cuisine où je fais Maïté. La semaine prochaine, je dois nettoyer des foies de volailles. Je me réjouis. Merci le Ministère des Affaires étrangères !

Ma directrice est une tarée, et la comptable est une autrichienne aux cheveux blancs, très à la mode, (elle a une mèche rouge, que dis-je une mèche, une touffe sur le devant de la tête à droite), et elle décroche le téléphone en disant : " Institut français Pon-chour (en français dans le texte, bonjour) ". La dirlo insiste pour nous laisser pas mal d’initiatives. La première qui me vient en tête et dont je rêve toutes les nuits, consiste à acheter une teinture bleue à la comptable afin que, par les couleurs du drapeau français, elle représente convenablement la France. Faut que je soumette ça à la boss.

La comptable à ne pas confondre avec la nana qui a les cheveux roux


Voilà à peu de choses près l’ambiance de ma première semaine au Tyrol. Attendez que je me dégote un appart, et je vous invite tous ( pas en même temps) à venir skier sur les glaciers qui commencent dangereusement à s’enneiger, y’ a plus d’saison jvous dis ma bonne dame.
Il me reste à vous souhaiter plein de bonnes choses, notamment à mon frère chéri qui fête ses 23 ans déjà et que je bisoute très fort.

Anachronisme: vue de ma future chambre

Et puis aussi, j’espère que vous vous occupez bien de mon astronaute chéri, mon indien au curry, ma marmotte transalpine, mon bouquetin des neiges qui me manque beaucoup beaucoup et à qui je vous demande de faire plein de bisous.


Je vous embrasse tous et attends de vos nouvelles,